martes, 29 de septiembre de 2009

Un sociologue et un économiste, deux avis nuancés

Un sociologue et un économiste, deux avis nuancés
LE MONDE | 29.09.09 | 14h40 • Mis à jour le 29.09.09 | 15h00 Réagissez Classez Imprimez Envoyez Partagez
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Nicolas Duvoux, sociologue, et Alberto Lopez, statisticien et économiste, donnent leurs avis sur l'extension du RSA aux jeunes.

Nicolas Duvoux, sociologue, université Paris-Descartes, a publié L'Autonomie des assistés. Sociologie des politiques d'insertion, PUF, 2009.


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Après l'annonce par le président de la République de l'extension du RSA aux moins de 25 ans qui ont occupé un emploi pendant deux des trois dernières années, racontez les difficultés que vous rencontrez si vous ou votre enfant avez moins de 25 ans et vivez dans la précarité. Une sélection de témoignages sera publiée sur Le Monde.fr.

"Dans la mesure où le RSA a généralisé et étendu les mécanismes d'intéressement de l'ancien RMI, l'extension aux jeunes était devenue nécessaire, pour une simple raison d'équité et de cohérence institutionnelle. Au nom de quoi un salarié de 24 ans pouvait-il être payé 200 euros de moins qu'un autre de 26 ans qui voyait son revenu complété par le RSA ?
L'abaissement de l'âge permettant de bénéficier du RSA dès 18 ans - sous certaines conditions néanmoins - poursuit la logique engagée avec le RSA et améliore à la marge les situations de précarité. Mais elle ne répond pas aux questions qui avaient déjà été formulées. Le RSA jeunes risque de constituer des effets d'aubaine et de pérenniser les individus dans des emplois précaires. De ce fait, il peut institutionnaliser la précarité plus que la combattre. En ne ciblant que ceux qui travaillent ou ont travaillé pendant au moins deux ans, il exclut de la redistribution ceux qui sont dépourvus de revenus et qui doivent compter sur des solidarités familiales très inégalitaires. Faute d'une politique d'emploi volontariste, les jeunes - et notamment les moins qualifiés - continueront à porter le poids de la flexibilité et du chômage."

Alberto Lopez, statisticien et économiste, directeur scientifique du Centre d'étude et de recherche sur les qualifications (Cereq).

"L'extension du RSA devrait limiter les conséquences financières du chômage ou du sous-emploi pour nombre de jeunes. Compte tenu des critères adoptés pour définir les nouveaux bénéficiaires, il ne faut pas craindre que le dispositif soit un encouragement à l'assistanat plutôt qu'au travail. Seules les personnes qui auront travaillé un certain nombre d'heures seront concernées. Les conditions sont relativement strictes : 3600 heures sur trois ans, c'est un peu plus de deux ans de travail à temps plein. Les typologies de trajectoires élaborées par le Cereq montrent bien qu'une partie des jeunes sortis récemment du système éducatif peuvent se trouver dans ce cas, qu'ils aient basculé hors de l'emploi après avoir travaillé ou qu'ils subissent des situations de sous-emploi (smic à temps partiel, par exemple). On peut toutefois se demander si ce seuil ne va pas exclure toute une frange de jeunes dont les seules possibilités d'accéder au marché du travail se font via l'intérim et qui risquent de ne pas arriver à ce quota d'heures. On retrouve là le problème des effets de seuil, dont il est difficile de mesurer les conséquences a priori. Une expérimentation aurait pu permettre des ajustements avant la généralisation. On peut aussi s'interroger sur la capacité du dispositif à remettre les jeunes dans l'emploi. L'effet sera probablement aussi modeste que pour les adultes, surtout en temps de crise."

Propos recueillis par Catherine Rollot
Article paru dans l'édition du 30.09.09.
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SOURCE:LEMONDE.FR

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